Après une attaque inattendue...

Elle frappa à la porte.
Alors s'ensuivit une sorte d'interrogatoire qui dura dix bonnes minutes. Il fallait un code pour pénétrer dans le palais ! Même pour la Reine elle-même, et un par personne ! J'ignorais que les Elinthiens étaient devenus si méfiants... Mais bon, ce n'est peut-être pas aussi stupide que cela vu les temps qui courent. Mais leur méfiance si prononcée envers les inconnus n'eut pas pour effet de me rassurer. En pénétrant dans la cour du Palais, je me crus une bête de foire. Tous les fidèles, les servants, et les autres personnes agglutinées autour de la Reine, se croyaient-ils assez dignes pour se trouver là, commencèrent à me dévisager discrètement. Puis, de fil en aiguille que je me dirigeais vers le Palais, les regards s'accentuèrent, formant un seul et unique oeil qui me transperça le dos et me fit frissonner. La plupart prirent un air dédaigneux, supérieur, hautain. Cet air que prenait si souvent ma soeur et que je déteste par dessus tout. Ces visages rouges de colère me donnaient envie de prendre mes jambes à mon coup. Je savais que les adorateurs d'Yrds étaient particulièrement haïs dans ce Royaume, mais à ce point là... Heureusement que tous ignoraient ce que j'étais réellement.
Je n'étais pourtant pas la chose la plus intéressante de cette cour, ce lieu où trop peu de personnes avaient le droit de pénétrer. En balayant mon regard à 180° sur le paysage autour de moi, Je remarquai des décors somptueux, qui ne valaient en rien ceux qui ornaient les plus belles villas de Jiade. Ces décors au delà du réel me firent oublier les regards haineux tournés vers moi. Les allées de gravier blanc étaient si lisses qu'on les aurait crues pavées de marbre blanc. Autour de ces allées somptueuses étaient plantées des arbustes où se réunissait tous les tons de verts possibles et imaginables. Ces couleurs printanières étaient accentuées par la taille parfaite. Tous étaient de forme conique, ornant à merveille les chemins tortueux et contrastant parfaitement avec la blancheur des gravillons. Au loin, j'aperçus une multitude de fleurs bariolées réunies en une décoration de jardin aux proportions astronomiques. Ici, une horloge fleurie magnifique. Là, le symbole Elinthien, créé sur un tapis fleuri avec les couleurs de l'emblème. De l'autre côté de l'allée, un... une... quelque chose. Un truc... Je ne distingue pas quoi exactement. Semblable à une couronne impériale. Vu le lieu, ça peut parfaitement être ça !
Là-bas, une immense étendue fleurie ? Toutes les couleurs connues rassemblées sous mes yeux, s'étendant sur presque toute la largeur du parc, ce qui représentait une distance considérable. Je continue de marcher, suivant la Reine, dans un état second. Le regard furtif, mes pupilles vertes remuant dans tous les sens pour essayer de ne rien louper du fantastique spectacle avant d'entrer dans le Palais lui-même. Mes yeux s'émerveillent, puis recommencent leur promenade dans ce monde semblable à un conte de fée.
Brisant son rêve, l'imposante porte en bois qui faisait office d'entrée dans le Palais s'ouvrait dans un grincement lugubre...
Le spectacle qui s'offrit alors à ses yeux ne valaient en rien celui de l'extérieur mais était quand même d'une beauté à couper le souffle. Les immenses portes en bois s'ouvraient sur une entrée somptueuse. Tout y était. Des murs en tapisseries bleues aux tableaux riches et aux magnifiques dorures et gravures qui s'étalaient sur le bois des chapiteaux, soutenant un plafond décoré de partout et orné du symbole d'Elinthe. Il n'était pas très élevé car l'édifice comprenait plusieurs étages. Je ne pouvais pas m'arrêter, suivant mes hôtes à la lettre de peur de me perdre dans cet entremêlement de couloirs sans fin. Tous plus beaux les uns que les autres. Les murs étaient dignes d'un musée d'art couverts de toiles fantastiques, de boiseries gravées avec finesse et précision, pour un résultat toujours plus impressionnant. Je ne pouvais détacher mes yeux de toutes ces décorations magnifiques. Ornements superbes pour un équilibre sans faille. Parfaite harmonie et magnificence réunies en un seul lieu, ce Palais où je me trouvais actuellement, encore à me donner ce que j'y faisais et comment je m'y étais retrouvée. A voir la tête des serviteurs et des seigneurs qui passaient devant moi, je devinais que, pour eux, j'aurais aussi bien fait de rester dehors. Etrangère incomprise qui se retrouvaient dans ce lieu où je n'étais pas du tout la bienvenue, où, pour tout le monde, je n'aurais jamais du me trouver un jour, mais j'y étais. Et l'envie me prit soudain de partir en courant, de quitter ce palais qui, aussi somptueux qu'il soit, n'était de toute évidence pas fait pour moi, mais je me contins. Par politesse pour Bélazael. J'étais son invitée et je ne pouvais se défiler, j'avais promis. Les muscles tendus à l'extrême, je restai stressée jusqu'à ce que la Reine me guide dans une petite salle qui faisait office de salon. Le salon bleu, l'avait appelé la femme de chambre. Il portait son nom à merveille. Des tapisseries bleues ornaient les murs et recouvraient la plupart des fauteuils. Sur la table, une théière pleine d'un liquide ambrée nous attendait , accompagnée de deux tasses bleues et or.
En entrant, j'avais remarqué un escalier qui montait au plus haut de l'édifice, sous la coupole. A voir comment il était décoré, je devinais que se trouvaient là haut les appartements de la Reine. Il était orné tellement plus que tous les autres. A lui seul, il pouvait concurrencer le reste du Palais. Je n'osais pas imaginer le reste de ses appartements...
Sur un signe de Bélazael, je pris place sur un canapé crème et bleu en soie, aussi doux que les chatons à six mois. Soupirant d'aise de me retrouver enfin seule avec la Reine, éloignée de tous ces regards effrayants et haineux. Je saisis la théière et demandais à mon hôte si elle désirait du thé. Elle acquiesça d'un signe de tête et je versai le liquide jaunâtre dans sa belle tasse. Ensuite, je fis de même avec la mienne.
Me rasseyant lentement, je portai la tasse à mes lèvres. Cette boisson était délicieuse, un thé avec un léger goût de menthe poivrée, du thé à la menthe. Je n'en avais bu qu'une seule fois dans ma vie, lorsque j'étais avec l'Immortelle. Du moins... Je crois.
J'étais gênée, je ne savais pas quoi dire à cette jeune femme qui m'accueillait si gentiment dans ce lieu somptueux, je n'allais pas rester muette comme une carpe comme ça ! Allez, dis quelque chose !
J'ouvris la bouche, lentement, pour la refermer. Quelle imbécile je faisais, assise là comme une glandue à ne pas réagir. Soudain, je pris les devants...

" Ton Palais est magnifique. J'aime particulièrement la cour... "

D'aaccooord... -__-"

Bélazael se plia à l’interrogatoire de rigueur pour chaque entrée au Palais. celui-ci dura une dizaine de minutes avant que le garde daigne à les ouvrir. C’était une lourde mesure de sécurité mais elle était nécessaire en ces temps qui se dégradaient lentement…
Elle entra, suivit de Layla. Bien qu’elle soit habillée en mendiante, les personnes lui témoignaient une grande servitude et politesse, elle passait la tête haute dans la cour de son Palais, elle remarqua à sa droite un nouveau bosquet qui n’y était pas la dernière fois. Elle le regarda, souriante, elle admirait le talent de ses jardiniers. Elle poursuit sa route. Elle sentait des regards méprisant se poser sur Layla et cela l’embarrassa quelque peu, elle voulait qu’elle se sente à l’aise, et non rejetée par la minorité de noble qui avait accès au Palais. Les lourdes portes en bois s’ouvrirent devant elle, et elle pénétra à l’intérieur. Elle était habituée aux décors somptueux du lieu, elle ne prit donc pas garde aux détails.
Des servantes s’approchèrent de Béla et Layla pour les débarrasser. Une fois fait, elles allèrent dans le salon bleu. La Reine l’appréciait particulièrement, de part les tapisseries bleues et l’ambiance chaleureuse qui y régnait malgré la couleur froide de la pièce. Elle fit signe aux servantes de les laisser, elle ne voulait pas plus embarrasser son invitée qui semblait déjà assez perdue comme cela. Elles prirent un thé à la menthe face à face. Par les fenêtres ouvertes, elles pouvaient entendre le chant enjoué des oiseaux dans la cour. La volière n’était pas très loin également.


" Ton Palais est magnifique. J'aime particulièrement la cour... "

Béla sourit et posa délicatement sa tasse de thé sur une soucoupe ne porcelaine. Elle répondit gentiment, d’une voie douce:

« Tant mieux, je comptais te loger dans une suite avec un balcon qui donne sur la cour, elle n’est pas très loin de mes appartements… je t’y emmènerai juste après ce thé si tu veut bien »

Elle était contente que son Palais lui plaise. Elle reprit sa tasse doucement. Il y avait une autre raison sur sa préférence pour ce salon bleu…c’était dans celui-ci qu’elle prenait le thé avec sa mère et son père…lorsqu’ils étaient vivant. Après la mort de son père, jamais sa mère n’est revenu ici, elle avait changé de salon pour prendre celui de l’autre aile, mais Béla avait toujours garder ce salon, qui était si chargé de souvenirs... Elle revoyait encore son père et sa mère sur le canapé en face d’elle. La pause thé était le seul moment que ses parents lui consacrait dans leurs lourdes journées. Ils passaient ce moment en tête à tête avec elle, petite, qui était avec sa poupée à côté d’elle du nom de Tess. Elle s’en rappelait avec nostalgie. Elle avait encore l’impression de sentir leur présence dans cette pièce. Elle sortit de ses souvenirs par un valet qui était venu apporté quelques mets à se mettre sous la dent. Elle prit un gâteau nappé au chocolat et le trempa dans le reste de son thé avant de croquer dedans en silence. Elle finit son thé en un coup et attendait calmement que Layla finisse le sien. Une fois que ce fut fait, elle se leva et se dirigea vers la porte. Elle se retourna et sourit à son invitée:

« Bon, maintenant que dis tu de découvrir ta suite ? »

Elle la laissa passer devant et la guida. C’était juste un peu plus loin, au pied des marches menant à ses appartements. La suite qu’elle avait choisie était l’une des plus belle, elle espérait que Layla apprécierait. La suite donnait sur la Cour, et il était agréable d’avoir ses couleurs multiples sous ses yeux. Béla demanda à Layla de fermer les yeux et ouvrit la porte. Elle la fit entrer, et la positionna devant le lit à baldaquin qui était au milieu de la pièce.

« Tu peut ouvrir les yeux… »

Curieuse, elle observa la réaction de son amie.